Excursion aquatique

Aujourd'hui, il faisait beau. Un soleil radieux était accroché dans le ciel, une légère brise remuait les feuilles des arbres, ne rafraîchissant qu'à peine l'air... Mais Deividas Faust avait toujours tendance à avoir chaud. Il aimait porter des vêtements un peu serrés, histoire de le gainer un minimum, mais BON DIEU, que c'était chaud à porter... D'autant que d'après son planning de vie plus carré qu'un pavé taillé à l'ordinateur, c'était l'heure de BOSSER. Et il était important de respecter son planning, sinon c'était le bordel. Il corrigeait des copies, s'hydratant à grand renforts de litres d'eau, vérifiant régulièrement l'heure. D'habitude, il aimait bien bosser, lire les petites pattes de mouche de ses élèves, mais là, il avait juste CHAUD.

La dernière copie finit par rendre sa résistance sous le stylo aiguisé du prof expert. Il s'éventa avec sa casquette et regarda l'heure : 14h30. Il avait mangé en corrigeant les copies et était dorénavant en temps libre. Il attrapa un maillot de bain, une serviette de bain et fila dehors. Il avait apprit il y a peu qu'il y avait une piscine, ici... Il y alla gaiement, saluant ses élèves qu'il croisait, passa par les vestiaire, se mit en tenue approprié, posa sa serviette sur un côté et piqua joyeusement une tête dans la piscine. Il fit quelques longueurs histoire de se mettre en jambe puis se posa sur un transat, laissant au soleil le soin de le faire sécher et soupira d'aise, regardant les jolies jeunes femmes passer et repasser, toutes plus belles les unes que les autres, aux maillots sublimes, avec ou non un homme... Il soupira de nouveau et s'allongea sur le dos, lunettes de soleil sur les yeux et ferma les yeux, bronzant tranquillement...

Il faisait chaud. Très chaud. Trop chaud. Dans ses larges robes épaisses, Alexandra étouffait. Bien que les fenêtres de ses salles de classes soient ouvertes, tout comme leurs portes, pour tenter un semblant de courant d'air, rien n'y faisait : la chaleur était écrasante. À tel point que la jolie blonde ne parvenait pas à se concentrer sur les cours mais seulement sur le fait qu'il ne fallait surtout qu'elle s'endorme. Les secondes lui paraissaient des minutes, les minutes de heures, les heures... des années. Son crâne commençait à la marteler en raison des bouffées de chaleur que les 38°C extérieur et ses vêtements lui donnaient. Quand enfin la sonnerie de seize heures résonna dans tout l'établissement, marquant la fin des cours pour elle, elle y vit une occasion unique de ne pas mourir de chaud.
Alexandra fut l'une des premières de sa classe à sortir de la salle de cours et elle se rua jusqu'au dortoir avant de pénétrer dans sa chambre comme une furie. Elle se débarrassa de ses vêtements plus rapidement que jamais et opta à la place pour une tenue très courte - débardeur et mini-short - avant de s'emparer de tout le matériel nécessaire pour aller à la piscine : maillot de bain, serviette de plage et élastique pour les cheveux, le tout fourré dans un sac. Elle ressortit ensuite de sa chambre, descendit tranquillement les différents étages et, une fois à l'extérieur, se dirigea vers la piscine de l'école, à côté du stade. Une fois dans les vestiaires, c'est avec délice que la belle blonde enfila son maillot de bain avant de constater que celui-ci était devenu légèrement trop petit pour elle. Mais il lui fallait absolument se baigner, et n'importe quoi pouvait faire l'affaire. Elle rangea ses vêtement dans son sac, se noua les cheveux et alla déposer le tout sur un transat au bord de la piscine.
L'eau était d'un bleu transparent magnifique, et il était indiquée sur un tableau électronique que sa température était de 29°C. Le soleil tapait, il n'y avait qu'un très léger souffle d'air... Les conditions étaient parfaites pour profiter du rafraichissement que lui offrait le lieu. Alexandra s'agenouilla prudemment au bord de la piscine, mouilla sa nuque par précaution comme on lui avait toujours apprit à faire, s'assit sur le rebord avant de se laisser glisser dans l'eau avec délectation. Elle commença par rester dans l'eau afin de laisser son corps s'habituer et ses muscles se détendre, puis commença à faire quelques longueurs tranquilles, à la brasse. Elle n'était pas là pour le sport mais pour sa détente et son bien-être. Après quelques longueurs, elle se retourna et se mit à faire la planche sur le dos, se laissant porter par l'eau, apaisée.

Aaaah, ce qu'il pouvait être bien... Le soleil, le vent léger, les rires juvéniles résonnant autour de lui, les "plouf" des gens qui tombaient à l'eau... Tout semblait avoir été fait par la main d'une quelconque sur-entité cosmique pour qu'il passe un bon moment... Même derrière ses lunettes de soleils, c'était un bonheur pour les yeux... Des jolies jeunes femmes, brunes, rousses, bleues (... ?), blondes... Oui, pas mal de blondes...

Il ferma les yeux, se laissant bercer par l'atmosphère, jusqu'à ce qu'il sente quelque chose sonner en lui. Il reconnaissait cette sensation, comme on reconnaît un vieil ami que l'on a pas vu depuis 20 ans bien que l'on ai oublié son visage depuis le temps... C'était cette sensation qui lui avait sauvé la vie, à plusieurs reprises, lors de ses voyages dans diverses contrées plus ou moins hostiles. Alors qu'il était en parfaite légumification jusqu'alors, il fit d'un coup en totale tension et se redressa d'un coup, retirant du même coup ses lunettes. Dans l'état actuelle des choses, cela ne pouvait en signifier qu'une.

Il parcouru l'assistance de ses yeux désormais transformés en véritables radars. Après un instant de recherche, il tomba sur ce qui l'avait réveillé. Une blonde sublime, aux longs cheveux ondulés, les yeux d'un bleu océanique, au maintien magnifique, des lèvres pulpeuses, des formes harmonieuses, des jambes longues... Et pour mettre en valeur tout ça aux yeux appréciateurs de l'homme, un maillot rose, apparemment conçu à la base pour en montrer beaucoup, mais qui n'arrivait à contenir tout ce que la demoiselle avait à offrir...

Elle rentra dans l'eau, brassa tranquillement avant de faire la planche... Tout ça et sans le savoir sous les yeux d'un professeur qui ne savait pas détourner les yeux d'une beauté brute. D'ailleurs, cela le gênait un peu qu'elle n'en sache rien. Certaines personnes pouvaient se sentir gênées d'être observées, et il ne voulait pas qu'elle soit gênée. N'étant pas assez lâche et surtout trop honnête pour se dire "si elles n'en savent rien elles ne sera pas gênée", il se leva, abandonna serviette et lunettes pour aller repiquer une tête dans l'eau.

Il s'approcha en nageant au fond de la piscine, ondulant comme un dauphin (en moins filiforme) pour avancer et émergea à quelques mètres d'elle. Il allait s'approcher pour l'aborder lorsque quelque chose atterrit non loin de lui dans l'eau avec un petit "plouif" et commença à couler. Il se retourna pour voir d'où venait le projectile et il fut vite fixé. Une élève, sèche, tenant sa serviette sur le bord de la piscine demandait à un élève dans l'eau de lui rendre ce qu'il lui avait piqué, et qu'il venait apparemment de balancer dans la piscine.

Professeur Faust hocha la tête négativement et plongea pour récupérer l'objet. Apparemment, un étui en métal en plastique, heureusement étanche et bien fermé. Parfait. Il se retourna vers les deux jeunes gens et, d'un mouvement sec, court et précis de poignet, envoya voler la boîte qui heurta l'arrière du haut du crâne du bonhomme pour mieux ricocher au-dessus de lui, permettant à la demoiselle de l'attraper au vol. Jurant et fulminant, se frottant la tête, il se retourna.

"- Qui est le petit bâtard qui... Oh." Sa phrase se coupa à l'instant où il se fut suffisamment retourné pour voir Deividas, qui pointa un doigt vers lui en fermant un œil.
"- Vous. Monsieur Artocceli. Vous viendrez me voir en salle des professeurs, ce soir. Je vous apprendrai à embêter les demoiselles."

Le cuistre avala bruyamment sa salive, apparemment pas rassuré, sortit de la piscine et s'échappa. La demoiselle le regarda, stupéfaite, remit ses lunettes et lui envoya un bisou de la main. L'homme sourit et, faute de mieux, passa son bras devant son visage puis sur son plexus (sous l'eau donc) et inclina la tête dans une révérence format court. Elle eu un petit rire et s'en alla d'un pas allègre. Deividas sourit, satisfait de sa bonne action. Quoi de plus beau que le sourire d'une dame ? Et puis l'autre se savait fiché, et même s'il faisait la connerie de ne pas être au rendez-vous en croyant lui échapper, il le traquerai toute l'après-midi. Pas comme si c'était la première fois...

Il ne prit conscience que quelques secondes plus tard que tout cela s'était déroulé sous les yeux de la magnifique petite blonde... Oops, à tous les coups elle allait croire qu'il voulait juste rouler des mécaniques. Bon, pas comme s'il voulait forcément la draguer, le plaisir des yeux étant déjà important pour lui, mais il ne voulait pas passer pour un frimeur...

Faire la planche permettait à Alexandra de détendre son corps entier. Ses oreilles, immergées, lui faisaient entendre le vacarme de la piscine comme si elle en était loin : les sons étaient doux et feutrés, apaisants. Cette ambiance transportait la jeune femme dans son propre univers et elle se laissa aller à la rêverie avec cette impression d'être parfaitement seule au monde. Elle se sentait si bien qu'elle aurait pu s'endormir là, tout de suite, et passer des heures à se laisser bercer par les vagues que les autres élèves créaient avec leurs plongeons. Elle ne remarquait rien, ni les gens alentours faisant les idiots, ni les regards envieux et pervers posés sur son corps divin, sublimé par ce maillot de bain si court qu'il invitait les gens à s'y intéresser de plus près.
Malheureusement tout sentiment de paix, même intérieur, est toujours éphémère et quelque chose vint rapidement tirer la belle roumaine de son apaisant repos. Ce qui, en l'occurrence, rompit le charme fut le “plouf” sonore d'un objet tombant à l'eau non loin d'elle, accompagné des éclaboussures qui ne manquèrent pas d'atteindre son corps déjà sec sous l'effet du soleil. La beauté aux cheveux d'or ouvrit immédiatement les yeux et quitta sa position pour se retrouver de nouveau debout dans la piscine, les seins tout juste au dessus du niveau de l'eau. Elle cligna des yeux pour les laisser s'acclimater à la luminosité ambiante et assista ensuite à une scène remarquable.
Une jeune fille hurlait sur un jeune homme qui se moquait d'elle : la chose qui avait atterri près d'Alexandra et l'avait tirée de sa rêverie était certainement une possession de la fille en colère, et cette même possession avait certainement été jetée à l'eau par le garçon. C'est alors qu'à deux pieds de la jeune roumaine sortit de l'eau un bel homme, mature et musclé : il avait sûrement plongé quand la blonde avait cherché à s'acclimater à la lumière, ce qui expliquait qu'elle ne l'ait pas vu avant. Dans tous les cas l'homme envoya, d'un mouvement de poignet habile, un objet sur le crâne du jeune homme, le faisant rebondir et atterrir dans la main de la jeune fille. Le garçon responsable de cet accident se retourna en injuriant l'inconnu que venait en quelque sorte de le punir de ses mauvaises actions, avant de s'arrêter net en découvrant son visage. Le bel homme qui se tenait dans l'eau près d'Alexandra se mit alors à réprimander sévèrement, mais avec classe, celui qui avait causé tout cela, avant de le convoquer dans son bureau... C'était donc un professeur ?
La belle blonde restait émerveillée par tant de charisme quand le professeur, alors que l'élève avait prit la fuite, se tourna vers elle. Elle se mit immédiatement à rougir, honteuse : elle observait sans gêne le bel homme et celui-ci l'avait prise sur le fait. Lorsque, à son tour, le professeur se mit à la dévisager elle rougit plus violemment encore, cette fois-ci sous l'effet de la gêne. Puis elle tenta de balbutier quelque mot, histoire de paraitre moins potiche :
« Vous... Avez été remarquable monsieur. Ce jeune homme était un véritable rustre... »

Spoiler:

Deividas mit un petit temps avant de se rendre compte que la demoiselle qui l'avait poussé à se mettre à l'eau l'observait. D'une part parce qu'il était encore à regarder les deux jeunes gens s'en aller en ruminant mentalement sur ce qu'était devenu la jeunesse et que ce petit imbécile allait passer un sale quart d'heure ce soir parce que merde à la fin, ce ne sont pas des choses qui se font et d'autres part parce qu'il se demandait encore si elle ne l'avait pas prit pour un de ces douchebags qui font saillir leurs muscles dans les rues de Los Angeles pour attirer la donzelle.

Mais un bref coup d’œil sur le côté, donné avec cette infinie discrétion qui fait croire que certains enseignants ont des yeux dans le dos, lui apprit que la petite blonde le regardait. Évidemment, il ne l'avait qu'à peine vue, mais il pouvait penser qu'elle n'avait pas l'air en dédain. Soulagement pour Deividas qui se tourna vers elle, ce qui fit prendre à son visage une légère teinte pivoine tout à fait charmante faisant ressortir le bleu de ses yeux. Elle le regardait, alors pourquoi se priverait-il ? Ce n'est pas comme s'il avait une option zoom intégrée aux pupilles et de loin, il n'avait vu qu'une silhouette. Charmante, mais une silhouette. Et l'observation plus proche de cette jeune femme lui donna, avec toute la gratuité de son charme, un sourire attendri.

De la moitié à peine de corps qu'il voyait, rien n'était à jeter. Ce qui avait attiré son œil, à savoir cette cascadante blondeur et cette poitrine ample mais soutenue étaient encore plus agréable à cette distance, et il avait en plus la possibilité de voir plus facilement son visage. Le sens même du mot "beauté" : un visage harmonieux, doucement arrondi, des yeux grands et profonds, petit nez et bouche sublime, pulpeuse... Molière aurait dit "amoureuse"... Toute cette observation se fit rapidement par l’œil exercé de l'homme, mais il continuait à la dévisager, pour le plaisir des yeux...

La délicieuse pucelle (oui, elle avait l'air tellement innocente qu'il lui plaisait à penser qu'elle était pucelle, bien que la probabilité pour que ce soit le cas soit très basse... Et de toute façon c'est pas drôle une pucelle.) balbutia quelques paroles, le félicitant de son acte, et se fut à monsieur Faust de se sentir le visage chauffé et de détourner les yeux en se passant l'index entre le nez et la lèvre. Gêne ? Timidité ? Nenni, simplement la modestie. Deividas Faust était un homme de devoir avant tout, et se faire féliciter sur un acte qui rentrait dans le cadre de ses fonctions le rendait certes fier, mais taquinait également son humilité de bon petit soldat.

Rustre... Voilà un mot plaisant à ses oreilles, un mot qu'il pensait tombé dans la désuétude des âges... Ces deux simples syllabes lui indiqua que cette demoiselle devait, d'une façon ou d'une autre en-dehors de son physique, se différencier de ses camarades... La voix de la jeune femme était au diapason de son image, harmonieuse et, bien qu'hésitante, mélodieuse... Elle touchait dans les aigus alors que celle, largement plus mâle, se chargea en basses lorsqu'il lui répondit.

"-Je vous en prie mademoiselle, cela fait partie de mes fonctions... Je suis là pour enseigner mais également pour mettre, avec je l'espère une once de succès, un minimum d'ordre..."

Il retourna les yeux vers elle et se frotta mentalement le menton. Il avait apprit par cœur les trombinoscopes de la plupart des classes et essayait de rappeler à sa mémoire ne serait-ce que le nom de famille de cette pimpante jeune femme... Quelque chose en "Const"... Ah oui, c'était cela ! "Vous êtes mademoiselle Constantinescu, me trompe-je ?" Il était sûr à 90% de son fait, mais il pouvait se tromper... D'autant que, ne l'ayant encore jamais eu dans sa classe pour le moment, il n'avait aucun souvenir précis auquel se raccrocher pour aider ses petits neurones...